Le Burn-out : quand l'humain et la Terre se consument en parallèle

L’épuisement professionnel, ou burn-out, touche un nombre croissant de personnes dans notre société moderne. Cette forme d’épuisement, caractérisée par une fatigue physique et émotionnelle intense, présente des similitudes frappantes avec l’épuisement des ressources de notre planète. Notre clinique psychosociale explore ce parallèle entre santé humaine et santé environnementale, et vous offre une perspective différente sur la prévention du burn-out et la gestion du stress professionnel. Découvrez comment la compréhension de ces deux phénomènes peut nous aider à mieux prendre soin de nous-mêmes et de notre environnement.

L'épuisement des ressources : un feu qui brûle à deux échelles

Le feu qui nous consume prend différents visages. Dans un bureau, une femme fixe son écran, les yeux brûlés de fatigue. Dans l’Amazonie, une forêt millénaire part en fumée. À Paris, un cadre ‘se brûle les ailes’ tandis qu’en Australie, les flammes dévorent des hectares de terre. Deux échelles, une même réalité : celle du burn-out, littéralement ‘brûler jusqu’à l’extinction’. Et si nos corps épuisés et notre Terre consumée nous racontaient la même histoire ? Celle d’un feu qui, poussé trop loin, finit par tout consumer sur son passage ?

L'épuisement planétaire: des ressources en danger critique

Ce même schéma se reproduit à l’échelle planétaire. Les scientifiques observent une surexploitation systématique des ressources naturelles. Un indicateur particulièrement révélateur est le « jour du dépassement ».

En 2024, il était fixé au 1er août : à cette date, l’humanité aura consommé toutes les ressources renouvelables que la Terre peut produire en un an. Plus inquiétant encore, le Canada a atteint son propre jour du dépassement le 15 mars 2024, illustrant une surconsommation particulièrement marquée.

Le Burn-out humain: une épidémie silencieuse

Le burn-out se caractérise par un épuisement physique et émotionnel profond, qui résulte d’une sollicitation excessive et prolongée de nos ressources internes.

Plus de 4 millions de personnes ont affirmé éprouver du stress élevé ou très élevé lié au travail en 2023, selon Statistique Canada. Cela représente plus de 20% des personnes en emploi. Et, chaque semaine, ce sont 500 000 travailleurs qui s’absentent en raison de problèmes de santé psychologique, selon la Commission de la santé mentale du Canada.

Le sol: l'exemple d'une ressource vitale en péril

Prenons l’exemple des sols, ressource vitale souvent négligée. Le sol est un réservoir du vivant qui contient plus de 25% de toute la biodiversité. Une donnée saisissante à savoir : il y a plus d’organismes vivants dans une cuillère à soupe de terre qu’il n’y a de personnes vivant sur la planète. Nous en dépendons pour 95% de notre alimentation, la filtration des eaux, la régulation des émissions de gaz à effet de serre.

Pourtant, de la même manière qu’un travailleur poussé au-delà de ses limites, et bien nos sols s’épuisent. Plus de la moitié de la couche arable a été perdue au cours des 150 dernières années. La couche arable est la couche supérieure du sol. Elle est celle qui a la plus forte concentration de matière organique et de micro-organismes, ce qui fait d’elle une des parties du sol de la Terre qui a la plus forte activité biologique.
Cette ressource, qui met des millénaires à se régénérer – quelques centimètres tous les 1000 ans – peut être détruite en quelques instants par des pratiques intensives.

Le défi est d’autant plus important que la population mondiale, aujourd’hui de 7,9 milliards d’individus, devrait atteindre 9,7 milliards d’ici 2050, puis 11 milliards d’ici la fin du siècle. Comment nourrir cette population croissante sans épuiser davantage nos sols ?

Points de non-retour : les seuils critiques

La notion de seuil critique apparaît également dans les deux situations. En médecine du travail, les spécialistes identifient un point de non-retour, où la récupération nécessite un arrêt complet de l’activité. Les climatologues, eux, parlent de points de basculement : des seuils au-delà desquels les changements deviennent irréversibles.

L’exploitation de nos ressources, qu’elles soient humaines ou terrestres, suit un modèle économique similaire. Il repose sur l’idée d’une croissance continue, sans prise en compte des temps de régénération nécessaires. La charge de travail et la conciliation travail-vie personnelle sont en tête des causes de stress professionnel, tout comme la surexploitation et le manque de repos sont les principales causes de l’épuisement des ressources terrestres.

Le déni : un mécanisme commun d'autodestruction

Dans les 2 cas, le mécanisme du déni joue un rôle central. Le corps humain, comme la Terre, envoie des signaux d’alerte bien avant l’effondrement. Chez l’individu, ces signaux prennent la forme de troubles du sommeil, de difficultés de concentration, d’une fatigue persistante, de perte de joie, d’isolement, entre autres.

Pour la planète, ces alertes se manifestent par l’érosion des sols, la pollution des eaux, la disparition d’espèces.

Une prise de conscience nécessaire

Ces observations nous amènent à une conclusion factuelle : nos ressources, qu’elles soient humaines ou environnementales, ne sont pas infinies. En dégradant la terre, comme en ignorant nos limites personnelles, nous nous rendons vulnérables. Leur préservation nécessite la reconnaissance et le respect de leurs limites naturelles.


Et je terminerai en disant qu’il est frappant de noter que le terme même de ‘burn-out’ – littéralement ‘brûler jusqu’à l’extinction’ – fait écho à notre rapport aux ressources terrestres. Nous consumons nos énergies intérieures comme nous consommons les ressources de la Terre, dans une même logique de combustion excessive.
Et tout comme un feu trop intense épuise rapidement son combustible, nos modes de vie actuels brûlent nos ressources, intérieures et terrestres, jusqu’à l’épuisement. En dégradant la terre, comme en ignorant nos limites personnelles, nous nous consumons. La préservation de ces ressources vitales nécessite donc un même changement de paradigme : passer d’une logique de combustion à une logique de conservation.

Pour aller plus loin

Livres :

Comment garder les pieds sur terre quand tout fout le camp. Emmanuelle Delrieu – Écopsychologue

Formation et services :

Formation en écothérapie avec Roxanne Côté, au Québec.

Cyclique par Nature – profiter des bienfaits de la nature sans quitter la ville.

Vous vous questionnez sur votre état de fatigue?

Notre équipe de professionnel·le·s en relation d’aide est là pour vous accompagner. Prenez rendez-vous dès aujourd’hui : 

Sources:

3.York University Ecological Footprint Initiative et Global Footprint Network. « Public Data Package of the National Footprint and Biocapacity Accounts, 2023 edition », Disponible en ligne à: URL https://data.footprintnetwork.org. Consulté le 17 juillet 2024